Nous répondons ici aux questions récurrentes que vous soulevez.
N’hésitez pas à envoyer les votres (par email à tech@le-sou.org).
Sommaire
Voici la liste des questions/réponses disponibles :
- Les professionnels peuvent-ils aussi créer un compte particulier ?
- Sur quoi repose la Ğ1, puisque c’est « virtuel » ? Sur rien ?
- Comment fixer les prix, s’il n’y a pas de référence ?
- Peut-on tout acheter en Ğ1 ?
- L’Etat va t’il tenter d’arrêter la Ğ1 ?
Les professionnels peuvent-ils aussi créer un compte particulier ?
C’est effectivement une question qui revient souvent. Nous oublions parfois de le dire, mais un profesionnel est aussi un particulier ! Il peut donc créer un compte particulier (ou « compte membre« ) sur lequel il recevra chaque mois, comme les autres membres, un Dividende Universel (DU). Toute personne humaine y a droit, enfant compris (sous la responsabilité des parents).
Mais alors, un professionnel aura 2 comptes ?
Oui, un compte pour son entreprise, exempt du Dividende Universel, et un autre compte membre. Cela permet par ailleurs de lui faciliter sa comptabilité, avec des relevés d’opérations dédiés à son activité professionnelle.
J’en profite pour préciser qu’un manuel comptable est en cours de rédaction. Il détaillera les dispositions à prendre en matière de déclaration. Ce travail demandera encore du temps pour aboutir, la monnaie libre étant une pure innovation…
Sur quoi repose la Ğ1, puisque c’est « virtuel » ? Sur rien ?
Il faut d’abord prendre conscience du fonctionnement des monnaies non-libres (Euros, Dollars, etc.) : celles-ci ne reposent ni sur aucun métal (or, argent), ni aucune règles écrites ou publiques. Il suffit d’étudier l’évolution de la masse monétaire Euro pour s’en rendre compte : il n’y a aucune règle qui régit l’évolution de ces monnaies. Elles sont bien garanties, par l’engagement des nations, des entreprises, des particuliers, à rembourser leurs dettes. Cependant la décision de créer de nouvelles unités ou non (et où les injecter) appartient à une poignée d’acteurs (les acteurs bancaires) : eux seuls ont en main l’évolution de la monnaie, pas vous !
La Ğ1, elle, suit des règles écrites, connues et controlables. Elles sont fixées une fois pour toute :
- La monnaie est créé par les individus, de manière égalitaire, par co-création chaque mois d’une quantité (des chiffres, en somme) de nouveau Sous : le Dividende Universel. Conséquence : plus il y a de membres, plus il y a de monnaie. Nous sommes tous égaux devant cette création monétaire.
- Le montant de ce Dividende Universel (DU) augmente régulièrement (de 9.22% / an précisément). Conséquence : au bout de 80 ans (l’espérance de vie actuelle) cette quantité initiale devient totalement négligeable, et n’influe plus dans l’économie. Les unités (co-)produites, bien que toujours présentes, sont donc en quelque sorte « oubliées » (plus utilisées) par les nouveaux membres qui nous aurons remplacés.
On peut résumer en disant que la Ğ1est basée sur l’humain (le nombre de membres et leur durée de vie moyenne). N’est-ce pas assez élégant ?
D’accord, mais comment garantir que ces règles ne changent pas ?
Prenons l’image de votre ADN, qui contient depuis votre conception tout votre code génétique, répliqué dans chacune de vos cellules. La Ğ1 a lui aussi son ADN, qui fixe le code monétaire décrit dans le précédent paragraphe. Cet ADN est répliqué sur chaque noeud du réseau de la monnaie, afin de prévenir toute modification par des personnes malveillantes.
Mais si ces règles ne conviennent plus ? Peut-on en changer ?
Qui « on » ? Est-ce tout le monde ou seulement quelque uns ? Il n’est pas prévu de pouvoir changer les règles d’une monnaie libre : car si la monnaie ne convient plus à certains, elle peut en revanche toujours etre utilisée par d’autres. Ceux qui veulent changer des règles devront lancer une nouvelle monnaie (par exemple en faisant évoluer la première). Ils n’ont ainsi pas besoin d’empêcher les autres de conserver l’usage de la première.
Comment fixer les prix, s’il n’y a pas de référence ?
Justement, pour la première fois, il y a aucune référence commune, stable dans le temps, c’est à dire aussi vrai pour vous que pour ceux qui habiterons sur terre dans 100 ans : 1 Dividende Universel recu chaque mois = 1 mois de vie humain (à espérance de vie constante : ici de 80 ans).
C’est une référence beaucoup universelle que n’importe quelle autre monnaie, puisque précisément elle ne dépend pas des politiques monétaires « sans règles fixes » de nos monnaies actuelles.
Imaginons par exemple une baguette de pain, dont le prix serait de 1 Dividende Universel, soit équivalent d’un mois de co-création monétaire d’un membre de la communauté. On sent tout de suite que cela fait beaucoup, non ? Ceci dit, dans les premières années de la monnaie, du fait de la disparité des commerces acceptant le Sou (donc l’absence de concurrence directe), il est tout à fait possible que de tels prix soient pratiqués.
Je vous encourage vivement à tester la monnaie, avant de vous faire une avis trop hâtif sur la question. Vous serez peut-être surpris de la rapidité à laquelle vous saurez fixer un prix… Rien qu’en regardant les prix que pratiquent les autres. N’est-ce pas ce qui se passe lorsque l’on voyage à l’étranger (hors zone Euro) ? Combien de temps vous faut il pour vous habituer à des prix sans rapports à ceux que vous connaissez ? un mois ? une semain ? un jour ?
Je fini en rappellant que, malgré tout, le passage à la Ğ1 restera « compliqué ». Mais enfin, qui a dit que c’était simple de se libérer ? Quel concept étrange que de penser que l’on arrive à de belles choses sans efforts ! …heureusement que cela n’empeche pas la joie !
Peut-on tout acheter ?
Il faut distinguer ici le court et le long terme. Dans les premières années de la Ğ1, bien évidemment non. La Ğ1 prendra de la valeur et deviendra utilisable pour de plus en plus de choses, au fur et à mesure que sa communauté d’utilisateurs grossira, et que sa masse monétaire (relative) se stabilisera.
C’est la taille de la communauté qui fera la force de la valeur « Ğ1 ». A long terme, quand le nombre d’usagers aura largement grossi et que la croissance de la masse monétaire atteindra sa vitesse de croisière (de 10% de croissance par an), tous types d’échanges pourront avoir lieu. Cette monnaie sera alors utilisable comme un outil de mesure stable et juste entre les individus (présents et futurs). Tout pourra alors être mesuré avec cette nouvelle référence.
Mais combien de temps faudra-il pour cela ?
En ce qui concerne la taille de la communauté, cela dépend de chacun ! C’est la responsabilité de chacun d’en parler à nos proches, de les encourager à s’inscrire, puis à certifier les nouveaux inscrits. En effet, il faut obtenir 5 certifications de membres existants pour qu’un nouvel inscrit devienne à son tour un membre co-producteur de la monnaie. En d’autres termes : à vous de jouer ! >>
En ce qui concerne la masse monétaire, sa croissance sera d’abord forte (pendant les 15 à 20 premières années) avant de se stabiliser à 10% par an car le nombre d’usagers évoluera moins (l’arrivée de nouveaux sera en quelque sorte conpensée par les sortants, notamment les décès).
Il convient ici de se rappeler que la monnaie libre répond à une démarche long terme : elle est faite pour rester juste, malgré la succession des générations. Or, nous sommes la première génération à utiliser cette monnaie : Il faut donc passer cette phase unique d’initialisation de la masse monétaire, avant que l’usage de monnaie ne prenne toute son ampleur. Soyons sûrs que nos enfants et autres descendants comptent sur nous !
L’Etat va t’il tenter d’arrêter la Ğ1 ?
N’est-il pas curieux de penser que l’état souhaiterait empêcher des initiatives, lorsqu’elles sont bonnes pour ses propres citoyens ? Et d’ailleurs, qui est l’état pour vous ?
Si « l’état, c’est nous » : pour quelles raisons aurions nous peur de nous-même ? Tout au plus, il faudra expliquer cette innovation, prendre le temps de voir et comprendre son effet, de discerner. Certes, cela demandera du temps, mais n’est-ce pas le cas de toute innovation pérenne ? Prenons le temps qu’il faut !
Si « l’état, c’est quelqu’un d’autre » (par exemple des gens pour qui l’économie actuelle fonctionne très bien – attention je ne prétends pas cela !) : alors pourquoi devrions nous attendre leur autorisation pour bâtir un monde plus juste ? Pensons-nous vraiment que ceux qui n’ont aucun intérêt à changer vont nous autoriser à opter pour un modèle différent ? Si vous étiez à leur place : seriez-vous prêt à quitter quelque chose qui vous convient ?
Au contraire, la monnaie libre ne s’impose pas aux autres. Elle ne cherche pas à juger ceux pour qui tout va bien, ou ceux qui ne veulent pas changer. En revanche, elle permet à ceux qui veulent rendre plus juste l’économie de le faire dès aujourd’hui, via une monnaie conçues pour être équitable.
Extrait d’un échange lors d’une conférence sur la monnaie libre, pour (sou)rire un peu :
[le conférencier] (à propos de la monnaie libre)
– Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue, disait Victor Hugo…
[une voix dans le public] – Oui, mais est-ce vraiment l’heure ! Comment le savoir ?
[le conférencier] – Aucune idée… Heureusement, je ne porte pas de montre !
Comme le fait remarquer Stéphane Laborde, la loi ne dit pas ce qu’il faut faire ou inventer, mais plutôt ce qu’il ne faut pas faire (avec ce qui existe déjà). Ainsi, peut-il exister une loi sur une innovation qui n’existe pas encore, ou qui n’est pas connu ? Les lois françaises concernant l’Internet ont-elles été écrites avant ou après l’apparition d’Internet ? Après bien sûr ! Bref, gardons confiance (en nous = l’Etat). La peur (à ne pas confondre avec la prudence) n’est jamais bonne conseillère…