21 joueurs ont participés à un Jeu Ğeconomicus, le 3 décembre 2016, organisé à Laval (à Laval Mayenne Technopôle).
1ère partie « Monnaie-dette »
La première partie « monnaie-dette » a simulé le système économique actuel, utilisant une monnaie bancaire privée (comme l’Euro ou la plupart des grandes monanies actuelles).
Nous avons réalisé 10 tours, de 5 minutes chacun. Chaque tour simulant 8 années, dans le but de totalisé 80 ans d’économie. Des joueurs meurrent ou renaissent à chaque tour, mettant en oeuvre les cycles de vie (entrées et sorties) dans une économie réelle :
Ressentis des joueurs
Les joueurs témoignent à chaud de leur « ressentis » personnels :
- « J’ai compris que la Banque nous tenait par la dette… »
- « Nous avons parfois manqué de monnaie, jusqu’à ce qu’un joueur s’endette à la Banque et récupère des billets »
- « J’ai été obligé d’emprunter, car je n’avais rien au départ, à ma « naissance » dans le jeu. » « Ceux qui avait un héritage à leur naissance n’ont pas eu ce problème »
- « J’ai trouvé le premier jeu très fatiguant, à cause de la compétition. »
Résultats chiffrés
Voici le bilan de la 1ère partie :
Les caractéristiques macro-scopiques de l’économie simulée sont :
- Moyenne du nombre de valeurs créées par joueur : 36 valeurs économiques
- Ecart type (en % de la moyenne) : 47,6 %
Plusieurs observations : la Banque ne s’en sort pas ici avec des profits exorbitants (bien qu’au dessus de la moyenne, à moindre effort). Voir le témoignage de Mireille, qui animait la Banque ce jour là (pour la première fois). Manquait-elle d’expérience comptable ? Peu importe finalement, car les autres résultats parlent d’eux-même.
On remarque en effet que certains s’en sortent très bien, comme Marylène (90 valeurs obtenues) alors que d’autres finissent très pauvres. C’est le cas de Francis, qui n’a pu acquérir que 4 valeurs économiques au cours de ses 80 ans d’existence simulée. Cette disparité est typique d’un système monétaire centralisé. En restant sur ces deux exemples, on constate également que l’un a du s’endetter au cours de la partie (Francis), alors que l’autre, Marylène, n’en a pas eu besoin et s’en sort beaucoup mieux. Est-ce un hasard ?
Quelles conclusions en tirer ? Les pauvres sont-ils simplement des mauvais joueurs moins bons ? Manque t-il de compétences ? On peut tout au moins dire que ce système ne convient pas à tous, visiblement…
Voyons la suite :
2ème partie « Monnaie libre »
Les même joueurs ont continuer (apèrs une pause bien méritée !) à une nouvelle partie. Tout y était identique (nombre de tours, durée d’un tour, etc.) sauf le mode d’émission de la monnaie. Plutôt que passer par la Banque, la monnaie y était créée par un Dividende Universel (DU) versé à chaque joueur, en début de chaque tour. A noter que ce « DU » était revalorisé de 10% de croissance par an, afin de rester juste pour les nouveaux entrants (les nouveaux nés dans l’économie) qui succédaient aux sortants (les décès).
Chaque tour simulant 8 années de vie, les 10% cumulés sur 8 ans revienne en fait à multiplier le DU par 2 à chaque tour.
Ressentis des joueurs
Quelques témoignages à chaud :
- « Les échanges étaient beaucoup plus simples, plus fluides. »
- « Nous n’avons pas manqué de monnaie, ou alors pendant un très temps court. En tous cas nous n’étions jamais vraiment bloqués. »
- « La compréhension du Dividende Universel et sa distribution n’a pas été compliqué : au bout d’un tour (5 min) nous avions tous compris le principe. »
Résultats chiffrés
Voici le bilan chiffré de cette 2ème partie :
Les caractéristiques macroscopiques de l’économie libre simulée sont :
- Moyenne du nombre de valeurs crées par joueur : 53 valeurs économiques
- Ecart type (en % de la moyenne) : 22,7 %
Premier constat : il n’y a plus de très très pauvres… ni de très très riches ! Il reste des différences de richesse, mais personne ne semble totalement exclu ni totalement au dessus des autres. On le constate également par la baisse importante de l’ecart type, divisé par 2 en comparaison de la partie en « monnaie dette ».
Par ailleurs, la moyenne des valeurs par joueur augmente significativement (+48%) : c’est à dire que la communauté, pourtant constitués des même joueurs, à produit beaucoup plus de valeurs, et avec moins d’efforts !
Conclusion
Que faut-il en conclure ? Certains dirons que les joueurs se sont habitués, entre la 1ère et la 2ème partie, et produisent donc plus; Que les taux pratiqués par la Banque ne sont pas comparables avec ceux de l’économie actuel, etc. …et si vous essayez de jouer à votre tour, pour vérifier tout cela par vous même ? Et si vous inversiez les 2 jeux ? ou mieux encore : pourquoi ne pas simuler avec des joueurs différents entre les deux parties ? Avoir des taux différents, etc.
La monnaie libre ne s’impose pas.
Car, finalement, c’est bien à vous de décider dans quel système monétaire vous voulez évoluer, et ce que vous voulez laisser aux générations futures. Vous êtes de libre de choisir une monnaie qui vous respecte. Bref, nous ne sommes pas là pour vous dire quoi faire. La monnaie libre ne s’impose pas ! On le comprend d’autant mieux en percevant que certains s’en sortent très bien, avec le monopole bancaire que nous connaissons (cf Marylène dans la 1ère partie). Pourquoi les forcer à changer ? …mais n’attendons pas non plus leur permission pour changer, nous-même, librement et pacifiquement, de paradigme.
Pour aller plus loin…
- Lire la Théorie Relative de la Monnaie, ou consulter les vidéos de conférences sur le sujet;
- Voir des vidéos de comptes-rendus du jeu Ğeconomicus;
- Organiser un jeu Ğeconomicus : lire les règles du jeu ou voir une vidéo de présentation des règles;